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Dolet. 263
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Saint-Laurent, il y avoit eu querelle fur le théâtre dudit jeu entre lefdits Dolet et Delaplace, nous nous y fommes tranfporté et à notre arrivée avons trouvé qu'il y avoit encore quelques perfonnes dans ledit jeu qui en fortoient, et nous étant informé par les premières perfonnes que nous avons trouvées de ce qui étoit arrivé, avons appris que dans le tems de la repréfentation fur le théâtre dudit jeu de la pièce des Deux Searavioucbes ct des deux Arlequins, il étoit furvenu une querelle entre iceux Dolet et Delaplace et que Laplace, lequel avoit bu et faifoit le perfonnagc d'un des fcaramouches, fe prétendant avoir été infulté par quelques geftes ou coups, par ledit Dolet en jouant, icelui Laplace avoit tiré l'épée qu'il avoit à fon côté en la qualité du perfon-nage qu'il faifoit, et fe prévalant de fon perfonnage qui lui permet à un certain endroit de la pièce de tirer fon épée contre l'arlequin avec lequel il cft et de la pointer contre lui, l'avoit tirée de propos et. dans un endroit prématuré de la pièce et l'avoit pointée contre ledit arlequin dans le deffein de le percer, ce qu'il eût exécuté fi un homme de condition qui fe trouvoit fur le théâtre ne l'en eût empêché. Et même, nonobftant ce, auroit continué en telle forte que plufieurs pages du Roi qui étoient auffi fur le théâtre, fe font mis devant pour l'empêcher ; que même ledit Dolet s'étant enfui derrière le théâtre, ledit Laplace auroit voulu le pourfuivre et que la femme dudit Dolet, une des actrices, l'en auroit empêché, et que icelui Laplace auroit infulté cinq ou fix acteurs ou actrices fur le théâtre et que cela auroit fait beaucoup dc bruit dans Ie jeu. Et nous étant enquis où étoit ledit Laplace, nous a été dit qu'il étoit dans une chambre au-deffus dudit jeu, où étant monté et l'y ayant trouvé et lui ayant demandé raifon de cette affaire, il nous a dit qu'il ne s'étoit paffé rien autre chofe, finon qu'il avoit tiré fon épée dans l'endroit dc la pièce qui lui étoit permis. Et ladite femme Dolet, étant furvenue, elle nous a confirmé dans tout ce qui a été dit contre ledit Laplace ct nous a montré une écorchure qu'elle avoit â la main droite, qui lui avoit été faite cn pouffant une porte contre ledit Laplace, et plufieurs contufions qu'elle avoit aux bras, qui lui avoient été faites par ledit Laplace en lui ferrant les mains. Pour quoi et pour le fcandale public commis dans ledit jeu, nous nous ferions déterminé à envoyer prifonnier au Châtelet ledit Laplace, et à cet effet nous aurions dit au nommé Bazin, lieutenant criminel de robe courte, que nous avons trouvé en ladite chambre, de nous envoyer main-forte pour ce faire. Mais ledit Bazin n'ayant pas jugé à propos de venir ni de nous envoyer du fecours, et ledit Laplace s'étant évadé pendant que nous parlions à plufieurs perfonnes dans ladite chambre à la faveur de fés confrères qui fe font mis au-devant de lui et derrière lefquels il a paffé, nous nous fommes retiré ct avons dreffé le préfent procès-verbal.
Signé : Defacq.
(Archives det Comm., n" 1629.)
Voy. Alard (16 février 1719). Procès des comédiens.
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